
BBQ depuis la DZ du Marion Dufresne, la veille du retour à la Réunion.
Six mois après
Après quatre mois de transit en conteneur, mes malles sont revenues dans ma chambre d’enfance, à l’endroit où elles se trouvaient avant cette grande aventure. C’est toujours difficile de croire que tout cela est arrivé, tout parait tant surréaliste, tout semble appartenir à un autre monde. Reprenons un peu là où je vous avais laissé !
Amsterdam, Saint-Paul et Tromelin
L’embarquement sur le Marion fut terrible pour tous les hivernants de Kerguelen et l’ambiance des premiers jours à bord est maussade. On se parle comme si on venait de perdre un être cher et on cherche un sens à cela. On écrit beaucoup, on se repose et un chante un peu. L’arrivée aux abords de la Nouvelle Amsterdam remonte un peu le moral : nous allons pouvoir descendre et retrouver nos compagnons de formation avec qui on avait passé deux mois pour préparer nos hivernages respectifs.
Nous passerons aussi par l’île Saint-Paul, une petite île au sud d’Amsterdam, particulièrement perdue, connue pour l’observation par un Français du transit de Vénus en 1874.
Après ce dernier passage, nous quittons le subantarctique pour faire route vers l’île Maurice, puis Tromelin, un banc de sable appartenant aux TAAF dans les éparses, et particulièrement petit (en fait, c’est vraiment juste un banc de sable), je vous laisse apprécier par vous-même cette vue depuis le Marion :
Nous ne descendrons pas à Tromelin et nous restons à cuire sur le navire : après un an dans le froid, le retour aux 35°C des tropiques est rude ! La météo est belle et nous attrapons plein de coups de soleil. On profite de ces derniers instants ensemble, on échange avec les autres hivernants des autres districts et on observe de beaux rayons verts.
Coucher de soleil depuis la plage arrière du Marion Dufresne.
La métropole
Je ne resterais pas longtemps à la Réunion, tout juste douze heures, le temps de débarquer et de reprendre l’avion pour la métropole. Le choc est fort, surtout l’attente à Charles de Gaulle avant de rentrer chez moi. Quelle drôle de sensation de revoir des milliers de personnes après avoir passé un hiver à 43 ! Les formalités administratives sont rapides et voilà, c’est fini. Nous revoici dans le “vrai monde” et la sensation d’aliénation mettra plusieurs mois avant de dispraître.
Les visas des hivernants de Kerguelen, CC-BY 4.0.
Heureusement, nous avons deux mois de vacances accumulés de l’hivernage, ce qui nous laissera le temps de reprendre pied. Mon blog se termine là, à la fin de cette aventure. J’ai été surpris du nombre de retours sur celui-ci et je remercie tous les lecteurs.
Quelques ressources en plus
Si vous souhaitez aller plus loin, je ne peux que vous conseillez de lire davantage de ces nombreux blogs d’hivernants, ils vous présenteront plein de point de vue uniques ! Concernant ma mission, quelques-uns de mes compagnons d’hivernages ont réalisé des vidéos qui vous donneront une autre idée de ce que je vous ai raconté :
- La vidéo de passation destinée à nos successeurs, elle vous montre un best-of de notre équipe d’hivernage (merci Félix !)
- Manip à Sourcils Noirs : sur un ton mi-humoristique mi-sérieux, Félix (mon binôme !) raconte la manip de Sourcils Noirs (dont j’avais parlé dans ce post)
- Un an à Kerguelen : des images de Julian, l’ornitho DE de ma mission
Je vous conseille aussi d’aller faire un tour sur les compte Instagram des hivernants, certains sont photographes et ont pris de magnifiques clichés de ces terres ! Toutes les images présentent sur ce site sont compressées pour les rendre compatible avec le format Web, mais n’hésitez pas à me contacter si vous les souhaitez en meilleure résolution.
De manière générale, je ne vous conseille pas les livres écrits sur Kerguelen : d’un point de vue intérieur, ils sont plutôt mauvais et ne reflètent pas la réalité de ces aventures (du moins, ce que j’ai pu lire !). Nous avons même un dicton pour cela : Les îles de la désolation, elles commencent avant tout par la littérature.
Enfin, si cette grande aventure vous fait envie, le mieux est toujours de candidater ! Les places sont peu nombreuses et la sélection pleine d’aléas, mais pourquoi ne pas essayer ?