On dirait le sud 🇹🇫

Un hivernage dans les quarantièmes rugissants

Coucher de soleil sur la base de Port-aux-Français.

Je me retourne et je vois une magnifique terre, habitée par de magnifiques personnes

Trust me, young Master Turner. It’s not gettin’ to the Land of the Dead that’s the problem. It’s gettin’ back.

Captain Barbossa

Ça y est. L’entrée du Marion Dufresne dans le Golf du Morbihan dresse face à nous la fin de notre mission sur l’archipel de Kerguelen. La clotûre de cette aventure fut douce et nous avons fait notre temps. La succession tient les rênes et nous leur souhaitons le meilleur ; Avec l’espoir qu’ils viveront une année aussi incroyable qu’a été la nôtre.

La 75ème mission de Kerguelen s’annonce comme une superbe aventure aux nombreuses péripéties et c’est une chose étrange que de partir au début de ce soufle nouveau.

La dernière, et pas des moindres

Le mois de novembre s’est terminé par un terrain de passation aux Canons de Sourcils Noirs (où j’étais déjà allé en avril). L’occasion de revoir cet endroit magnifique en fin d’hiver et de parcourir les coins que nous avions loupé la dernière fois, notamment la vallée de Phonolite sur la Presqu’île Ronarc’h : une vallée très minérale surplombée par un grand massif volcanique, ayant donné le nom à cet endroit.

Cabane de Phonolite

Cabane de Phonolite au petit matin devant le massif Thomson.

Une belle conclusion qui nous aura donné un dernier aperçu de la beauté de cet archipel, la majesté de ses vallées et l’intensité de sa météo. Un doux rappel de notre passage ici.

Lever de soleil depuis la Curieuse

Lever de soleil lors de la récupération en Curieuse.

Au retour, tout s’accélère, nous rendons rapidement nos malles et nous faisons nos affaires pour préparer le départ. On change une dernière fois de logement avant le Marion pour laisser notre place aux suivants. Le soleil se couche sur les derniers de la mission 74 et ne se réveillera plus. Il aura brillé de mille feux, formé un hiver chaleureux et illuminé notre année.

Un hivernage à Kerguelen, c’est une année à la vivre et une vie entière pour l’apprécier.

Extrait d’un mot de cabane

En fait, il faillait le croire pour le voir

Cette aventure fut folle. D’un rêve d’ado, des débuts très hésitants et les mille rebonds dans mon recrutement, ma venue ici relève de l’improbable. C’est pourtant le cas : je viens de passer un an à fouler ces terres dont j’ai tant rêvé et j’ai posé mes yeux sur ces paysages qui occupaient toute mon imagination. Je ne pensais pas cela possible. J’ai à présent la chance de faire partie de ce petit groupe réservé des gens ayant marché jusqu’à leur rêve.

Adieu l’acaena, adieu le vent. Dans cet univers froid et isolé où tout semble si rude, la vie s’est au final montrée bien douce et simple. Les humains peuplant ces terres ont fait de ces latitudes hostiles un havre à l’écart du monde, un lieu d’un temps ancien et long. Je regarde ses habitants discuter à Totoche (notre bar), je pourrais le faire des heures : c’est un monument de la beauté humaine.

Il faut maintenant dire au revoir à cette terre qui nous a tant donné, qui aura par sa simple existence magnifiée une année de notre vie et nous aura fait tant grandir. Poser une dernière fois nos yeux sur ces crêtes enneigées qui font fi de notre existence, mais que nous, nous ne pourrons pas oublier.

Les belles choses ont une fin

Bientôt, j’embarque dans l’hélicoptère pour rejoindre le Marion, et dans quelques semaines, je serai revenu en métropole. Je conclus alors sur cela.

Merci d’avoir suivi ce blog, merci pour vos (nombreux !) retours positifs et merci pour vos visites anonymes. J’ai essayé de partager ici cette drôle d’aventure sur un ton un peu différent, je suis content que ça ait pris.

Moi devant le Mont Ross

À bientôt 👋