Falaise du Prince de Galles début octobre 2024.
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
C’est une chose étrange à la fin que le monde, Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit. Ces moments de bonheur ces midis d’incendie, La nuit immense et noire aux déchirures blondes.
Louis Aragon
Le retour (tranquille) de l’été
Le changement de mission annonce la nouvelle campagne à venir, qui commencera à proprement parler à OP3, mais qui se fait déjà sentir dès l’après OP2. La nouvelle mission militaire prépare toute l’infrastructure pour cette nouvelle session, les premiers scientifiques arrivent et nous, nous préparons tranquillement notre succession.
Côté météo aussi, l’hiver prend son temps à partir. Nous aurons eu de la neige très tardivement, concluant un été qui fut particulièrement froid pour Kerguelen. Les sorties sur le terrain ont tout de même bien repris et ce fut l’occasion d’explorer de nouvelles parties de l’archipel et de repasser dans de beaux endroits.
Les sorties ne seront pas dénuées de péripéties, comme par exemple lors d’un nouveau passage à Armor, cet ancien port au fond du golf.
Ancien Fillod du port d’Armor sous la neige.
Alors que nous étions partis pour un long terrain d’une semaine et un trajet de 150 km à pied sur l’archipel, nous avons une drôle de surprise après notre dépose en chaland au port. Le BCR nous informe par radio que le chaland (seul moyen nautique actif l’hiver à Kerguelen) est rentré sur une patte et est tombé en panne. Bilan : nous sommes coincés à Armor, à cinq jours de marche de la base. Ça ne nous empêche pas de commencer les travaux sur les stations, mais on se pose tout de même quelques questions.
Moi en train de réparer une station sismique.
Au final, tout est annulé et après quatre jours sur place, nous pouvons rentrer grâce à un palangrier, alors en train de pêcher dans la zone, venu nous récupérer. Ce fut l’occasion de tout de même voir de jolis paysages de l’ouest, que -nous le comprenons alors- nous voyons pour la dernière fois.
Puy Saint-Théodule sous la neige. T. Vivet 2024.
Sine labore non erit panis in ore
Voilà que l’on s’approche de la fin et j’ai beaucoup parlé de mon travail sur le terrain, bien peu de celui sur base. Il faut dire que le second est plus classique et correspond finalement à l’idée que l’on se fait d’un travail d’ingénieur en sécurité réseau, avec tout de même beaucoup plus de polyvalence, car on peut aussi ajouter une casquette de logisticien et d’électronicien. Le cadre aussi est unique, nous travaillons dans un ancien laboratoire de Géophysique rattaché à une station sol du CNES, de Galileo et d’autre programme, l’endroit porte le nom de notre rôle, “Géophy”.
Géophy vu depuis la plaine Courbet. D. Blanchet 2024.
Cette station est très excentrée de la base, à 3.6 kilomètres, accueille l’infrastructure réseau de l’Institut polaire sur Kerguelen. On y fait également des mesures régulières et bon nombre des équipements scientifiques (des antennes principalement) sont là-bas. C’est un peu notre fief avec mon binôme, d’autant plus que nous sommes les seuls à aller régulièrement sur place.
Un peu de marche pour terminer la saison
Passons ici sur quelques sorties notables, la première pour des changements de capteurs de mercure à Pointe Suzanne, l’occasion de voir la Presqu’île du Prince de Galles et ses grandes plaines.
Plaine de Pointe Suzanne avec une colonie de Manchots papous au premier plan.
Enfin, dernière grande manip’ avant OP3, 230 kilomètres de marche en 11 jours pour faire tout le tour de la péniscule Courbet, une belle conclusion à cet hiver ! Encore de nouveaux paysages avec quelques transits terrestre assez rares !
Val de l’Ouest sur Courbet.
La passation commencera à OP3 et se déroulera principalement sur base. La fin de l’hiver marque donc la fin effective de nos travaux sur base.
Passons, passons puisque tout passe
OP3 est vite arrivé. Ce 3 novembre, j’ai accueilli Paul, mon successeur et la passation a vite commencé. Dans un mois, ce sera la fin de cette incroyable aventure, alors il est temps de passer la main et d’enseigner ce que nous avons fait un an durant. D’ailleurs, en ce 11 novembre, nous célébrons nos un an d’hivernage à Kerguelen, quelle histoire !
Je vous parlerai de tout cela dans un dernier article d’ici la fin du mois ! En attendant, vous pouvez aussi aller voir le blog de mon successeur, Paul :)
À bientôt